Olivier Reynaud & Rudy Lellouche - Aive

03/09/2020
Portrait d'entrepreneur.e

Portrait entrepreneurs : 

Olivier Reynaud & Rudy Lellouche – Fondateurs de Aive

 

Après plusieurs success stories avec notamment la solution de publicité vidéo « Teads » rachetée par Altice 307 millions de dollars, les deux entrepreneurs se sont lancés un nouveau défi : devenir le plus grand studio de création vidéo au monde grâce à une IA créative.

 

Bonjour Olivier, bonjour Rudy, comment en êtes-vous arrivés à créer Aive ?

 

Olivier :

 

J’ai un parcours assez atypique en tant qu’autodidacte. En effet, je suis passionné par la créativité depuis que je suis gamin : je dessine, je crée, je fais des animations sur ordinateur, et je me sensibilise à l’histoire de l’art. Un bac scientifique en poche, je trouve ma voie dans l'entrepreneuriat en participant en 2003 à un concours de création d’entreprise au tout début de mes études de commerce à l’IAE de Montpellier.

 

C’est le déclic ! A 21 ans je gagne le concours avec ma première idée de startup, cela me prouve que mes idées, mes visions peuvent s’avérer de vraies opportunités entrepreneuriales. A ce moment-là j’arrête d’aller à l’école et fonce tête baissée dans l’aventure.

 

Entre 2003 et 2010, je co-fonde donc Airtist qui peut être considérée comme la pionnière des plateformes d’écoute de musique en ligne financée par la publicité vidéo avant même Deezer ou Spotify. En 2010, le modèle d’Airtist évolue vers un modèle B2B qui a donné naissance à Teads, devenu en l’espace de huit ans le leader mondial de la publicité vidéo en ligne. L’entreprise a été rachetée en 2017 par le groupe Altice pour 307 millions de dollars.

 

2018, après un stop de quelques mois à l’école du Wagon à Paris pour apprendre à coder et au MIT Sloan pour apprendre les bases de l’intelligence artificielle (IA), je démarre dans la foulée ma plus belle aventure, l’invention d’une IA créative spécialisée dans la vidéo. Son nom est Aive pour “Artificial Intelligence for Video Experience”.

 

Rudy :

 

J’ai fait des études d’ingénierie informatique en intégrant l’école Supinfo à Paris. Ce choix s’est fait naturellement car il associait les nouvelles technologies, secteur qui me passionne, et des possibilités infinies dans l’application des connaissances acquises.

 

J’ai eu la chance d’être entrepreneur très jeune, en 2004, en l’occurrence. J’étais alors étudiant en deuxième année de cycle préparatoire quand j’ai décidé de transformer un petit projet étudiant en start-up. SoonNight.com fut rapidement un succès et une aventure entrepreneuriale extraordinaire. Concilier les études et l’entrepreneuriat (avec tous les sujets qui y sont relatifs) fut pour moi particulièrement passionnant et formateur.

 

Mon diplôme d’ingénieur en poche, ma femme à mes côtés (c’est l’un des piliers de ma réussite), et fort de cette première expérience réussie, j’ai développé un Startup Studio, où j’ai eu le plaisir d’accompagner dans leur stratégie de développement de nombreux grands groupes et des Startups en France et à l’international.

J’ai eu l’occasion d’endosser pour elles différentes casquettes de CEO, de COO, de CTO, de CPO de CSO, et même DPO (voire parfois toutes à la fois). Certaines d’entre elles ont connu de très belles réussites, comme Teads, par exemple, entreprise que j’ai aidé à se lancer aux côtés d’Olivier.

 

Fin 2015, alors que j’étais à un tournant de ma carrière, j’ai eu l’opportunité d’intégrer la direction d’Adyoulike aux côtés des fondateurs historiques en tant que CSO et Directeur général avec comme objectifs sous-jacents de transformer l’entreprise en profondeur, développer le produit, et ainsi « booster » sa croissance en France et à l’International. Cette aventure s’est concrétisée par une intégration d’Adyoulike au Next120. Me voilà maintenant co-fondateur d’Aive avec une ambition sans limite !

 

« Être entrepreneur, c’est plus qu’un statut, c’est une attitude, une mentalité. »

 

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de vous lancer dans l’aventure ensemble ?

 

Olivier:

Ce qui nous a donné l’envie de nous lancer ensemble se résume en trois points : complémentarité, expérience et ambition. En 10 ans, nous avons eu l’occasion de collaborer sur chacune de nos sociétés, en tant que client, puis partenaire et enfin co-fondateur. Nous sommes des purs produits de l’industrie de la publicité vidéo digitale dans laquelle nous évoluons depuis de nombreuses années. Au cours de ces années, nous avons créé des technologies qui sont aujourd’hui utilisées mondialement. Nous connaissons parfaitement le marché de la publicité ainsi que le besoin des marques.

 

 

Dès lors, l’envie de repartir à l’aventure avec Rudy a été comme une évidence lorsque nous avions commencé à imaginer les fondamentaux d’Aive il y a quelques années. Nous disposions des clés et d’une vision réaliste des possibilités pour créer le futur de la vidéo. Aive est aujourd’hui le fruit de cette réflexion.

 

Rudy:

Pour moi être entrepreneur, c’est plus qu’un statut, c’est une attitude, une mentalité.

Olivier et moi-même partageons ce point de vue, et nos expériences passées ont prouvé que nos collaborations étaient fructueuses. Notre complémentarité se traduit par la combinaison d’une vision produit “tech” à une vision créative sans limite. L’association de nos compétences et de nos différentes expériences est rare. Elle représente une valeur ajoutée significative au moment d’innover.

 

Nous partageons la même ambition de créer un géant de l’industrie de la vidéo en utilisant les solutions qu’offrent l’Intelligence artificielle. Ces nouvelles opportunités technologiques ouvrent un monde de possibilité que très partiellement exploré à ce jour. Nous sommes persuadés que nos expériences et nos domaines d’expertise respectifs nous permettront de naviguer plus facilement et de proposer une véritable révolution du domaine de la vidéo. 

 

 

Quelle est votre ambition pour Aive ?

 

Olivier:

Aive a pour ambition de devenir le plus grand studio de création vidéo au monde grâce à son IA créative. Notre solution s’applique à tous les secteurs où la vidéo est présente comme la publicité en ligne, les réseaux sociaux, l’e-commerce, ou encore la TV du futur. Notre positionnement et notre technologie sont uniques dans l’industrie de la vidéo.

 

Selon Cisco, 82% du trafic internet mondial est de la vidéo : c’est pourquoi notre mission chez Aive s’apparente à mettre notre technologie d’automatisation de la création et de la distribution vidéo entre les mains de tous les utilisateurs de vidéo pour faciliter/améliorer leur quotidien.

 

 

 

Rudy :

Plus prosaïquement, Aive automatise la post-production des vidéos publicitaires (format, durée, personnalisation...) ainsi que leur distribution (adserving publicitaire centralisé, data unifiée, audit reporting...). L’IA est présente à tous les niveaux de notre technologie.

 

Notre produit sera distribué sous la forme d’une plateforme collaborative mais également d’une API afin de s’intégrer et de pouvoir être généralisée à toutes les industries où elle apportera une plus-value importante. Aive optimise le coût et le temps de post-production des vidéos tout en garantissant le contexte de diffusion pour une expérience vidéo augmentée.

 

 

Comment s’est passée votre première levée de fonds ?

 

Rudy:

Pour mener à bien ce projet, nous avons réuni un premier financement (Seed round) de plus de 4 millions d’euros, essentiellement auprès d’une dizaine de “Business Angels” réputés comme Pauline Duval (Groupe Duval), Rachel Delacour (Zendesk), Angélique Gérard (Iliad), Guillaume Lestrade (Meero), Kevin Polizzi (Jaguar Network), Renaud Visage (Eventbrite), Guillaume Penot (ex-Moët Hennessy), Aurélie Jean (In Silico Veritas), Hervé Labeille (TETU/HLA Partenariat TV) ou encore Pascal Lorot (Institut Choiseul).

 

Ce premier montant prend en compte également des financements par la dette auprès de banques régionales, de subventions de la Bpifrance, de la French Tech ainsi que de la Région Occitanie.

 

Par ailleurs, Aive est lauréat du prestigieux Concours National d’Innovation I-Inov de la Bpifrance qui récompense des projets porteurs dans les domaines de la “Data” et des “Deeptech”.

 

En seulement 1 an cela représente autant de signaux forts qui nous confortent dans la capacité de notre projet à proposer une solution technologique ambitieuse qui répond à une forte demande.

 

« Notre région Occitanie est la “French Silicon Valley”, une terre naturellement propice à la création de licornes et au lancement de projets tech d’envergure ! »

 

Vous avez déjà monté Teads, qu’est ce qui vous a convaincu de rester dans la région pour cette nouvelle aventure entrepreneuriale ?

 

Olivier :

Depuis maintenant plus de 10 ans, d’Airtist, à Teads et en passant par Adyoulike pour mon co-fondateur (avec la reprise d’une partie des équipes de Freewheel à Montpellier), il nous a semblé naturel de rester fidèle à notre ancrage local et de construire Aive avec une ambition mondiale depuis Montpellier (le siège social et l’équipe technique sont à Montpellier).

 

Il y a ici un écosystème tech très fort, un cadre de vie exceptionnel susceptible d’attirer des expatriés, et la présence de nombreux talents dans les domaines technologiques, la Data Science et les métiers de la création.

 

Je le dis haut et fort depuis plusieurs années, notre région Occitanie est la “French Silicon Valley”, une terre naturellement propice à la création de licornes et au lancement de projets tech d’envergure !

 

C’est aujourd’hui une réalité de plus en plus forte. Chez Aive des talents internationaux n’hésitent pas à franchir le pas en quittant leurs pays d’origine pour s’installer ici, et nous apporter, en plus d’une expertise pointue dans leur domaine, de nouvelles perspectives culturelles qui viennent enrichir la Région.

 

Ces profils hautement qualifiés peuvent faire carrière durablement dans des entreprises en capacité de leur offrir des challenges séduisants telles que Teads, Zendesk, Ubisoft, Private Sport Shop, Swile, Vogo, Medtech et bien-sûr Aive ! Je suis assez fier de vous annoncer que les 2/3 des recrutements à venir chez nous le seront en Région Occitanie soit près de 100 recrutements stratégiques dans les trois à cinq années à venir.

 

 

 

Qu’est-ce qui renforce l’attractivité de la « Silicon Valley Occitane » selon vous ?

 

Olivier :

Un écosystème local soudé autour de l’objectif de renforcer l’attractivité de Montpellier pour les entreprises innovantes. Je pense, entre autres, au BIC de Montpellier, à la Bpifrance de Montpellier, à l’agence AD’OCC, aux acteurs bancaires régionaux, aux laboratoires de recherche qui brillent par leur capacité à bien comprendre des sujets et des préoccupations entrepreneuriales complexes, et y apportent des réponses adaptées rapidement. Merci !

 

Rudy :

Il est de plus en plus important pour séduire et fidéliser les talents d’offrir en plus d’un “Job” dans une entreprise dynamique et innovante, un cadre de vie propice au développement d’une vie personnelle épanouie. Montpellier est particulièrement attractive en ce sens.

 

A titre d’exemple, un employé sur deux chez nous a été recruté en dehors de la Région Occitanie (Montréal, Toronto, Paris, Lyon, Marseille). Ils se sont installés sur Montpellier avec leurs familles (femmes et enfants pour certains) pour profiter d’une qualité de vie élevée, d’une douceur de vivre méditerranéenne et d’un taux d’ensoleillement parmi les plus importants de France. De plus, la ville de Montpellier est très bien desservie grâce à son aéroport refait à neuf récemment, et ses deux gares SNCF ce qui renforce largement son accessibilité.

 

En ce qui nous concerne nous sommes extrêmement sensibles à l’accueil que nous avons de reçu de la part des entreprises locales. Nous sommes dès à présent très proches de certains grands groupes avec lesquels nous avons signé des partenariats. Ces entreprises disposeront ainsi en avant-première de notre technologie pour participer à son développement et à son évolution. D’autres entreprises suivront (nous l’espérons) comme Altrad, Teads, Adyoulike, Orchestra, Airbus etc.

 

 

Vous êtes tous les deux aujourd’hui des entrepreneurs expérimentés, avez-vous un conseil pour un(e) jeune créateur(trice) d’entreprise ?

 

Olivier :

Mon conseil principal tourne autour du produit.

Tout d'abord, pour créer le meilleur produit il faut trouver un problème puis sa solution et non l’inverse. On se trompe si on crée une technologie et qu’on se demande ensuite comment la vendre.

 

Il faut ensuite être proche de ses (futurs) clients dès le début, parler de ses idées, de son produit, surtout s’il n’existe pas encore afin de recueillir des retours précieux qui vous aideront à sculpter votre produit. Soyez toujours à leur écoute et dans l’échange, car ce sont eux qui dictent la réalité du marché et l’avenir de votre produit.

 

Rudy :

N’hésitez pas à vous entourer de conseillers et d’experts afin de vous coacher, de vous aider, et de vous challenger quand vous en avez besoin.

 

Consacrer beaucoup de temps à vos premiers recrutements. Évaluez vos besoins (cash, recrutements…), et projetez votre business plan avec un plan de développement clair. Imaginez ensuite plusieurs scénarios afin de vous préparer au meilleur, mais aussi aux imprévus. Ne vous découragez pas, rebondissez !

 

Si la French Tech Méditerranée pouvait réaliser l’un de vos vœux, quel serait-il ?

 

Olivier :

La majorité de nos recrutements d’ingénieurs et de nos Data Scientistes viennent d’autres régions ou d’autres pays. Ces derniers quittent leur région ou leur pays d’origine pour venir s’installer seul ou en famille (parfois nombreuse).

 

Au-delà d’un “French Tech Visa”, je propose la mise en place “French Tech Visa Local” qui permettrait d’aller plus loin dans l’accueil des talents à un niveau local en leur simplifiant les démarches administratives locales (logement) et en leur proposant des services sur mesure (accès facilité aux crèches, écoles internationales etc…)

 

Rudy :

Nous aider à faire de l’Occitanie (Montpellier) ou de la région Méditerranéenne, la Silicon Valley de notre pays en continuant à développer son attractivité, et en modernisant ses capacités à soutenir les startups !

 

Une citation qui vous inspire en guise de mot de la fin ?

 

Olivier :

“By believing in his dreams man turns them into reality.” Hergé

 

Rudy :

“The best way to predict the future is to create it.” Peter Drucker

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